En général, un pays compte au moins deux fois plus d’habitants que d’emplois. Prenons la France : 65 millions d’habitants, environ 30 millions de personnes assurées à la Sécurité sociale. Ou la Belgique : 11,5 millions d’habitants et 5,2 millions de gens ayant un emploi (ou étant au chômage). On pourrait continuer ainsi…
Au Luxembourg, cela a également été le cas pendant des décennies. Revenons en arrière jusqu’en 1970. À l’époque, le pays comptait 340.000 habitats et 140.000 emplois, avec un rapport entre les deux chiffres de 2,4. En d’autres mots: le Luxembourg comptait 2,4 fois plus d’habitants que d’emplois, après tout une situation complètement normale.
Cette situation a perduré jusqu’à la fin des années 1980/début des années 1990. Depuis, la population continue certes à augmenter, et même à très vive allure (+242.000 nouveaux habitants depuis 1990), mais le nombre d’emplois s’est accru encore plus vite (+286.000 depuis 1990). Ceci fait que le rapport habitants/emplois s’est dégradé progressivement : en 1993, il est tombé en-dessous du seuil de 2,0, en 2006, il est passé sous la barre de 1,5 et d’ici la fin de l’année, nous allons sans doute atteindre la valeur 1,3.
Si nous continuons de la sorte, nous allons atteindre un jour un rapport de 1,0, ce qui veut dire que notre pays comptera alors autant d’emplois que d’habitants. Une situation rendue possible par le fait que nous faisons travailler des centaines de milliers de frontaliers. La Ville de Luxembourg nous montre le chemin : elle compte aujourd’hui 125.000 habitants et presque 200.000 emplois. Nous savons qu’est-ce que cela veut dire pour les conditions de circulation, la situation du logement, la qualité de l’air et la qualité de vie… rien de bon !