Le 9 novembre 2020, le “Rundfunk” autrichien a publié un projet jusqu’ici secret d’une résolution du Conseil des ministres de l’UE, qui stipule que les opérateurs de plateformes, qui offrent actuellement à leurs clients la possibilité de communiquer de manière cryptée (par exemple, Whats App ou Signal) devrait à l’avenir disposer d’une clé générale permettant de lire les messages dans ces applications en cas d’enquête de la police ou des services secrets.
Cette nouvelle atteinte massive à la vie privée des citoyens est justifiée par le Conseil en disant que le crime organisé et le terrorisme doivent être mieux combattus – ce qui n’est cependant pas vrai, comme nous le préciserons ci-dessous.
Ce n’est pas la première fois qu’en réponse à un attentat terroriste, un élargissement de l’État de surveillance tente de véhiculer un sentiment de sécurité, sans que cette promesse ne soit tenue sous quelque forme que ce soit. On connaît ce scénario déjà depuis l’introduction de la directive sur la conservation des données, qui a ensuite été considérée par la Cour de justice européenne comme une violation des droits fondamentaux (voir aussi : conservation des données).
Avec la résolution proposée par le Conseil des ministres de l’UE, le droit fondamental au respect de la vie privée et familiale et le droit fondamental à la protection des données personnelles seraient à nouveau restreints en introduisant un « loophole » légal dans tous les services de messagerie cryptés résulte dans l’espionnage des citoyens.
Cette atteinte à la vie privée n’est aucunement corrélée à la nécessité de la mesure requise. Au moment où cette proposition entrera en vigueur qui obligerait les services de messagerie cryptés à établir une clé générale, toutes les organisations criminelles, terroristes, etc. vont se retirer de ces plateformes et communiquer par d’autres moyens (-ils ne sont pas stupides). Reste alors que la surveillance d’individus innocents.
Dans ce contexte, il est souvent argumenté que tous les messages ne seraient pas décryptés, mais que la clé sera uniquement utilisée dans des situations très spécifiques. Mais contrairement à ces affirmations, il n’existe aucune méthode pour décrypter des communications que pour des buts précis. Au contraire, il est techniquement impossible d’ouvrir de façon limitée une porte. Quiconque accède à un programme par une porte arrière ou un passe-partout ouvrira la porte à tout le monde. Et cela signifie vraiment pour tout le monde – hackers malveillants et services d’espionnage étrangers inclus.
Patrick Breyer, députés européen Pirate :
« Contrairement à ce que les gouvernements voudraient nous faire croire, nous devons choisir entre l’écoute et la sécurité. Quiconque sacrifie le cryptage sécurisé pour pouvoir écouter sur écoute détruit la protection des secrets privés, la protection des secrets d’affaires et aussi des secrets d’État, et ouvre les vannes à l’espionnage de masse par les services secrets étrangers et aux attaques de pirates. Il n’y a tout simplement pas de « petite porte dérobée ». La sécurité de toutes nos communications doit être une priorité. C’est la position claire du Parlement européen depuis 2017. » (Source : https://www.piratenParty.de/2020/11/10/Sicherheit-statt-abhoeren-ein-bisschen-hintertuer-gibts-nicht/ )
Le projet du Conseil des ministres est donc non seulement illusoire mais aussi dangereux.
Le Parti Pirate s’opposera donc, avec ses partis frères à travers l’Europe, à la résolution prévue par le Conseil des ministres de l’UE. Ensemble avec les eurodéputés Pirates, nous nous engageons à maintenir le cryptage de nos communications en ligne et à influencer le gouvernement luxembourgeois pour qu’il s’oppose à la proposition du Conseil !